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Kickboxer : Pourquoi le film avec Jean-Claude Van-Damme est toujours une référence en 2024

Avec la série La Cage qui a débarqué sur Netflix le vendredi 9 novembre, le MMA et les sports de combat semblent prêts à conquérir un nouveau public. Pourtant, le postulat de départ de la série de Franck Gastambide, où un jeune combattant maladroit se lance dans le projet de devenir un jour champion du monde dans un sport impitoyable, n'est pas sans rappeler un autre monument du film d'arts martiaux : Kickboxer de David Worth, sorti en 1989 avec l'illustre Jean-Claude Van Damme dans le rôle-titre.


Jean-Claude Van Damme dans Kickboxer de David Worth
JCVD a inspiré toute une génération à s'entraîner au muay-thaï après son rôle iconique de Kurt Sloane dans le premier film Kickboxer.

Une date clé dans la carrière de Van Damme et du cinéma d'arts martiaux


À la fin des années 1980, les arts martiaux ont curieusement le vent en poupe dans la pop culture : la trilogie Karate Kid fait un tabac monstre au box-office, Bruce Lee et Jackie Chan sont tous deux mondialement célèbres, Double Dragon et Street Fighter explosent tout dans les salles d'arcade... bref, le bourre-pif n'a jamais eu aussi fière allure !


Quand Kickboxer sort sur les écrans américains le 8 septembre 1989, il n'est pas le film qui révèle Jean-Claude Van Damme au grand public (ce rôle revient plutôt à Bloodsport), mais il est en revanche celui qui le sublimera complètement, et fera presque instantanément de lui une icône du cinéma d'action et des films d'arts martiaux.

Son synopsis tient en deux lignes, ou presque : Van Damme y incarne le frère d'un champion du monde de kickboxing, qui se voit contraint de devenir subitement un grand combattant de muay-thaï afin de venger ce dernier, laissé paralysé suite à un combat l'opposant à un terrible champion local.

Pour y parvenir, il sera épaulé par un ancien militaire à la langue bien pendue, un vieux sage aux techniques d'entraînement rudimentaires, et, bien sûr, une jeune femme dont il va rapidement tomber amoureux.

La force de Kickboxer ne réside certainement pas dans son scénario cousu de fil blanc, puisque l'on se doute très vite que Van Damme réussira à se surpasser, à battre le méchant, et à sortir avec la fille !


Une mise en scène moins plate que prévue


En revanche, le film se démarque, déjà à l'époque, par sa documentation approfondie sur le monde de la boxe thaï : les combats sont superbement chorégraphiés, on y reconnaît un grand nombre de techniques faisant partie du répertoire de tout bon combattant (clinch, wheelkick, spinning back-fist, etc.), l'aspect cérémoniel des entrées des combattants y est parfaitement retranscrit, et bien que le film la pousse bien trop loin dans son dernier acte, la fureur et la violence des combats de muay-thaï y sont superbement illustrées.


Cette vraisemblance tient beaucoup au fait qu'outre le travail impressionnant de chorégraphie opéré par Van Damme lors des scènes de combat, le film bénéficie aussi de la présence de Dennis Alexio (champion américain de kickboxing) ainsi que de Michel Qissi (ami de JCVD avec qui il s'est longtemps entraîné), qui offrent tous deux une physicalité et une stature nécessaires à la crédibilité du film.


Kickboxer combat final JCVD
L'affrontement final entre JCVD et le méchant Tong Pô, à grands coups de poings sertis de verre pilé !

De plus, chose rare pour ce genre de production, la photographie est particulièrement soignée : les paysages magnifiques de la Thaïlande sont bien mis en avant, et même si l'on peut aujourd'hui rire du côté très kitsch de certaines séquences, la dimension "mystique" du long-métrage (avec JCVD qui écoute la voix de son guerrier intérieur résonner dans des ruines de pierre) lui confère un charme très particulier.


Un charme que beaucoup seraient tentés de qualifier de "cheap", à juste titre, mais un charme quand même !


Kickboxer Jean-Claude Van Damme décors
Impossible ne pas donner un souffle épique à son "training-montage" quand on a un décor aussi beau derrière soi !

Des faiblesses gênantes, sauvées par une sincérité totale


Alors bien sûr, Kickboxer n'a rien du chef-d'œuvre existentiel, et présente même un grand nombre de clichés et de raccourcis scénaristiques assez agaçants : en premier lieu, ses personnages secondaires, qui sont tous plus ou moins des archétypes très creux.


Le sidekick afro-américain rigolard, le vieux sage asiatique aux méthodes étranges, la belle jeune femme innocente qui devient (très gratuitement) la cible d'un méchant très très méchant (quelle surprise)…

Son montage est aussi assez bancal à de nombreuses reprises, comme lorsque le film passe maladroitement d'une scène d'entraînement épique où Van Damme révise ses coups de pied au milieu de ruines antiques, à une autre où il rend visite à son frère à l'hôpital, sans la moindre musique et avec une nette coupure de rythme ! On a aussi droit à un deus ex machina très forcé lors du dernier acte, tellement facile qu'il ôte aussitôt toute forme de suspense quant à la résolution du film.


Cependant, force est de constater que Kurt Sloane, le personnage incarné par Jean-Claude Van Damme, a quelque chose d'attachant dans la manière avec laquelle il s'oblige à poursuivre ses objectifs, malgré ses maladresses, ses peines et les nombreux revers que lui fait subir le récit.

Si Van Damme n'est certes pas Marlon Brando, il joue son rôle avec suffisamment de conviction pour que l'on croie en son personnage, et que l'on y décèle même une légère pointe autobiographique.

On serait vite tenté d'y voir un écho à la propre vie de Van Damme, avec ce personnage d'athlète blanc qui s'immerge complètement dans un environnement exotique où il apprendra à la dure les vertus et la philosophie d'un art martial.


Le message du film, très clair (et un peu naïf), a d'ailleurs trouvé plus tard une résonance chez de nombreux combattants de MMA, parmi lesquels nuls autres que Georges Saint-Pierre, et même Francis Ngannou !

Son influence est aujourd'hui considérable dans l'imaginaire du muay-thaï : difficile en effet de ne pas voir dans l'arène du combat final une inspiration nette pour toute l'esthétique du jeu vidéo Mortal Kombat, et dans son antagoniste Tong Pô un modèle pour le personnage de Goro…


Kickboxer JCVD combat final Tang Pô
A deux doigts d'entendre une voix grave prononcer "ROUND 2.... FIGHT !"

En définitive, si Kickboxer n'est pas exempt de défauts et de faiblesses d'écriture, sa représentation impressionnante du muay-thaï et son combat final mémorable en ont fait un incontournable du film d'arts martiaux, qui vaut encore le coup d'œil en 2024.


Nul doute qu'il fait partie des nombreuses influences sous-jacentes de Franck Gastambide pour sa série La Cage !

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