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Le Daghestan, terre de champions de MMA

DerniĂšre mise Ă  jour : 24 oct. 2024

Mis en lumiÚre depuis plusieurs années, pays natal de plusieurs combattants invincibles tels que Khabib et Umar Nurmagomedov, du champion numéro 1 toutes catégories confondues Islam Makhachev, ou encore de l'actuel numéro 4 middleweight Nassourdine Imavov, le Daghestan, terre de champions MMA, suscite plus que jamais la fascination du public.


Mais qu'est-ce qui rend donc cette république fédérée de Russie, située dans le nord du Caucase, aussi importante dans le monde des arts-martiaux mixtes ?

Décryptage.


Eagles MMA, club fondé par Khabib Nurmagomedov
Une session d'entraßnement au Eagles MMA, le club de lutte et d'arts-martiaux mixtes fondé par Khabib Nurmagomedov.
Viens au Daghestan, Cyril. Tu dois venir ici, rester 1 ou 2 ans, apprendre la lutte et apprendre à mieux te défendre. En France, vous n'avez pas ce passif.

En 2022, Khabib Nurmagomedov (ex-champion lighweight de l'UFC invaincu en 29 combats), s'adressait ainsi à notre Ciryl Gane national aprÚs que ce dernier se soit incliné lors de son combat face à Francis Ngannou. Cette défaite était majoritairement liée aux lacunes en lutte du Bon Gamin. Depuis, les propos de l'ancien champion ont fréquemment été repris sur les réseaux sociaux, plus encore lorsque Ciryl Gane s'est une nouvelle fois incliné par soumission face à Jon Jones en janvier 2023, aprÚs seulement deux minutes du 1er round



Des propos de Khabib, une chose demeure certaine : la France n'a absolument pas le mĂȘme passif en lutte et en grappling que le Daghestan. D'ailleurs, aucun pays au monde ne semble vĂ©ritablement rivaliser avec cette province du Caucase, sauf peut-ĂȘtre le BrĂ©sil.


Depuis le début des années 2010, plus d'une quinzaine de combattants originaires du Daghestan et du Caucase se sont illustrés sur la scÚne internationale en MMA. Outre Khabib, il y a bien entendu Islam Makhachev (26-1, champion lightweight de l'UFC), mais aussi Magomed Ankalev (19-1-1, ex-challenger à la ceinture light-heavyweight de l'UFC), Umar Nurmagomedov (17-0, cousin de Khabib), Usman Nurmmagomedov (18-0, son petit frÚre champion lighweight du Bellator), notre cher Nassourdine Imavov (14-4, actuel numéro 5 des middleweight à l'UFC) ou encore le "lazy king" Abdoul Abdouraguimov (champion welter et middleweight de l'ares).

Du sacré beau monde ! Et encore, nous n'en avons énuméré qu'une partie, sans compter les autres combattants affiliés de prÚs ou de l'un au Caucase, tels que Baki (Baysangur Chamsoudinov) ou encore Khamzat Chimaev, tous deux d'origines tchétchÚnes.


Pourquoi les combattants daghestanais dominent-ils à ce point le circuit professionnel mondial, et comment expliquer leur quasi-absence de défaites ?


Les raisons sont principalement sociologiques.


Le Daghestan est une rĂ©publique nichĂ©e au milieu des montagnes du Caucase, oĂč la vie y est particuliĂšrement dure (surtout l'hiver) et oĂč une grande partie de ses habitants vivent dans des zones rurales Ă  haute altitude, oĂč l'accĂšs Ă  l'eau et Ă  l'Ă©lectricitĂ© est parfois difficile. Ajoutez Ă  cela un certain nombre de guerres, mais aussi les rĂ©percussion terribles de la chute du bloc soviĂ©tique durant les annĂ©es 90, et vous comprendrez mieux le mental d'acier dont sont pourvus la plupart des athlĂštes qui y grandissent. Les opportunitĂ©s professionnelles s'y font rares pour rĂ©ussir Ă  bien gagner sa vie, ce qui explique pourquoi un trĂšs grand nombre d'hommes se tournent vers le MMA pour ensuite espĂ©rer faire carriĂšre Ă  l'UFC, ou dans d'autres ligues internationales telles que le Bellator ou le PFL.

Enfin, le Daghestan est une société essentiellement patriarcale ; les hommes y sont trÚs vite éduqués à la confrontation et au combat, en plus de devoir effectuer leurs entraßnements sur des terrains trÚs montagneux.


Ci-dessous, un extrait à la télévision russe des entraßnements qu'Abdulmanap Nurmagomedov, le regretté pÚre de Khabib décédé en 2020, faisait suivre à ses combattants pour les préparer à leurs combats dans l'octogone. On peut notamment les voir courir, s'échauffer, et répéter leurs prises et techniques de lutte à des kilomÚtres d'altitudes




Pour conclure, la place prĂ©pondĂ©rante qu' a longtemps eu le sambo dans le Caucase, ce sport de combat hybride nĂ© en Union SoviĂ©tique qui mĂ©langeait dĂ©jĂ  de nombreuses techniques de combats, y est sans doute pour quelque chose. Si les combattants daghestanais sont aussi dominants et complets, c'est probablement grĂące Ă  leur expĂ©rience prĂ©cĂ©dente dans des sports de contact et de percussions, qui sont une norme culturelle dans leur pays. La pression perpĂ©tuelle qu'ils mettent Ă  leur adversaire durant leurs combats, ainsi que leurs projections et leur façon de mener le combat au sol
 tous ces Ă©lĂ©ments montrent bien le rĂŽle capital qu'a jouĂ© le sambo dans la vie d'un grand nombre de combattants d'origines caucasiennes et daghestanaises.


Ikram Aliskerov, multiples champion mondial et d'Europe de sambo
Ikram Aliskerov, combattant middleweigfht à l'UFC, a d'abord été multiple champions de sambo avant de se tourner pleinement vers le MMA.

Avec la derniÚre défense de titre d'Islam Makhachev face à Dustin Poirier ce mois de juin, et l'arrivée prochaine d'Umar Nurmagomedov dans le top 5 bamtamweight de l'UFC s'il venait à s'imposer face à Cory Sandhagen le 3 août prochain, nul doute que la dynastie daghestanaise a encore de longs jours devant elle.


Toutefois, contrairement à un préjugé en vogue chez une partie du public, les combattants daghestanais ne sont pas tous spécialisé en lutte ni en grappling, et certains choisissent au contraire de mener leurs combats debout, en pur striking. C'est notamment le cas de Said Nurmagomedov, ou du trÚs intimidant Shara Magomedov (11 victoires par KO), qui a récemment mis KO Trocoli à l'UFC Fight Night en arabie saoudite.



Par Pierre Yan.

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